• 2010- Décembre- Décès de Gustave Sayd alias Baldy

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                     Gustave en culotte courte au Collège St Paul à Philippeville.

    Comment ne pas marquer cette disparition sans rappeler ce que fut Gustave, ce que fit Gustave, ce que vécut Gustave.

    Quelques rappels de faits importants.

    1°)-  La scolarité.-Tout d'abord, il a été le copain, dis-je l'ami, fidèle et assidu de mon frère aîné Aimé. Ils ont fait un bout de chemin ensemble. Habitant tous deux rue des Aurès, scolarisés tous deux à l'Ecole des Frères (Philippeville)  sise alors Rue Valée jusqu'en 1946, transférée Rue Magenta à cette date, la sortie de l'école s'est toujours effectuée à deux. De sorte qu'arrivé avant le tandem, je les entendais discuter  avec passion de sujets qui m'échappaient. Ils avaient une disposition commune : ils parlaient l'arabe dialectal avec volubilité pour Aimé, et autant pour Gustave, dont les origines Maltaises facilitaient l'approche de cette langue. Privilège réservé à un nombre restreint d'Européens Philippevillois. Ils avaient un autre point commun, issus d'une école-collège dont la discipline dominante sera les Mathématiques, ils furent tous deux brillants en la matière. Ce qui facilitera l'accès à une carrière de technicien pour l'un et de commerçant potentiel pour l'autre.

     2°)- Une activité novatrice, le judo.  Au cours des années 50, rares étaient les clubs de judo. Bénéficiant d'un judoka expérimenté affecté à une garnison de Philippeville, Gustave va offrir son immense garage pour y installer un tatami réglementaire. Les participants accururent nombreux. Un soir, j'eus la curiosité de me rendre à une séance d'entraînement. Elle se terminait par une séquence de jujitsu, claus combat etc... L'entraîneur sorti de son uniforme n'était-il pas familiarisé avec les Arts Martiaux d'auto défense? Je le pense.

                                                            Ce soir-là, tout le monde est en train de plier. Certains retardataires éprouvent quelque difficulté à se séparer tant l'ambiance est conviviale. Gustave sera le premier à quitter la salle pour rejoindre l'étage supérieur occupé par la famille nombreuse. Il venait de nous dire bonsoir. Au bout de quelques instants, il retourne vers nous pour s'excuser d'avoir manqué de civilité. Il nous dit à nouveau bonsoir. Ce comportement répété devient inquiétant. Dire plus de sept fois bonsoir et ne pas s'en rappeler quelques secondes après relève d'une anormalité que l'on pourrait qualifier de commotion cérébrale. En effet, un retour sur la séance nous rappelle qu'un soutemi l'avait fait chuter sur la tête. Incidemment, je ne pense pas que cet incident vieux d'un demi-siècle ait une relation avec ce qui vient de  le soustraire à la vie. L'expérience me dit que les écarts de jeunesse se paient une fois atteint un certain âge. A l'époque, avant que Gustave ne retrouve ses esprits, c'est-à-dire une heure après, la première inquiétude ira vers la légalité du Club. Etait-il déclaré? Etait-il assuré? Je ne le saurai pas.

    3°)- Une créativité, la voiture à roulements. Les jeux sont simples pour la plupart d'entre nous. Le jeune indigène court après son cerceau, jante d'un vélo obsolète. Il sillonne le quartier sans se lasser. Devant ma villa, rue des Aurès, jusqu'au pied de la bâtisse de Gustave, la pente va être exploitée d'une façon surprenante qui ne manquera pas d'imagination. Quatre roulements à billes sertis dans des roues pleines en bois, une planche, tout cela agencé astustieusement et voilà un véhicule capable de provoquer des émotions fortes à la mesure de l'inclinaison du terrain, l'accélération est telle qu'il ne faut surtout pas oublier de prévoir des freins efficaces si l'on veut éviter le pire. Cette "combine" sera scrupuleursement respectée par Gustave et la bande de la Rue Mellet dont Gamarra. Mais voilà, non satisfaits du résultat, on choisit des roulements de poids lourds, plus gros, mieux adaptés au projet cogité et réalisé par le groupe. Cet après-midi là, je vois surgir une camionnette échelle 1/5°, parfaitement imitée, en contreplaqué, avec cabine, pilote, volant, rétro...place pour le passager avant, passagers arrière, bref une merveille pour le bambin que je suis. De quoi rêver! C'était l'époque où les jouets se construisaient....authentiques cousus main. On en revient aujourd'hui aux jouets surfaits lesquels ne laissent aucune place à l'imagination créative.

    4°)- 1955-62.- Période noire que je n'ose évoquer ici. Mais il est de mon devoir de rappeler que Gustave perdra le jour même ses deux frères aînés et sa maman, tous assassinés par le FLN sur leur lieu de travail. Vaillants travailleurs que j'honore ici. Depuis, l'éparpillement de la population Européenne n'empêchera pas Gustave et Aimé de se retrouver quelques années après. Selon un verset très connu du Nouveau Testament : "Si tu utilises l'arme, celle-ci se retournera contre toi...".  A défaut, on ne retrouve jamais la Paix intérieure. A cogiter!

     


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                             Retrouvailles

    Chez Aimé, retrouvailles de deux complices au cours desquelles on évoque les souvenirs d'ados.


  • Commentaires

    1
    getanzo Profil de getanzo
    Mercredi 15 Décembre 2010 à 22:59
    Si vous désirez vraiment naviguer sur un blog plus dense, rien de vaut d'y aller en suivant le processus suivant
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